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L'armée de l'Air crée la 33ème Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque

L'armée de l'Air crée la 33ème Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque

© Armée de l'Air - Un drone MQ-9 français ici en mission au-dessus du Sahel.

© Armée de l'Air - Un drone MQ-9 français ici en mission au-dessus du Sahel.

Le 1er août 1993, alors équipée de Mirage F1-CR avec l'ER 1/33 « Belfort », 2/33 « Savoie » et 3/33 « Moselle », la 33ème Escadre de reconnaissance était dissoute sur l'ancienne base aérienne 124 de Strasbourg-Entzheim. 26 ans plus tard, cette escadre vient d'être officiellement réactivée par l'armée de l'Air française sur la base aérienne 709 de Cognac. Elle porte désormais le nom d'Escadre de surveillance, de reconnaissance et d'attaque (ESRA).

Pour cette nouvelle aventure dans l'Histoire de la « 33 », l'escadre est armée par des MQ-9 Reaper et se compose actuellement de deux escadrons. Le premier, l'Escadron de drones (ED) 1/33 « Belfort », assure des missions de « renseignement actionnable en opérations extérieures et la protection du territoire en France », précise l'armée de l'Air. Le renseignement actionnable consiste à recueillir du renseignement permettant de déboucher sur une action par sa précision et sa permanence (« find, fix and finish »). Le second est l'Escadron de transformation opérationnelle drone (ETO) 3/33 « Moselle », qui sera chargé de former les équipages des Reaper.

Mais le format de la 33ème Escadre ne va pas s'arrêter là. En effet, au cours des prochaines années l'Escadre va encore monter en puissance puisqu'elle va se doter d'un escadron supplémentaire avec la renaissance du 2/33 « Savoie », qui a été dissous en juillet 2014 lors du retrait du service actif des derniers Mirage F1-CR de l'armée de l'Air. En outre, elle va aussi avoir un Escadron de soutien technique aéronautique (ESTA).

A terme, afin de compléter le segment des aéronefs pilotés à distance, il se pourrait également que cette escadre accueille les King Air 350 ALSR (avion léger de surveillance et de reconnaissance). L'armée de l'Air devrait disposer d'une flotte composée de huit machines, qui doivent permettre de récolter du renseignement d’origine électromagnétique (ROEM) et du renseignement d’origine image (ROIM). En attendant la livraison des premières machines, les premiers appareils sont encore en cours de modification et effectuent des essais puisque ce programme a pris beaucoup de retards.

© Armée de l'Air - Un Reaper au-dessus du territoire français.

© Armée de l'Air - Un Reaper au-dessus du territoire français.

La création de la 33ème ESRA est l'occasion de faire un point sur la flotte des drones MQ-9 Reaper actuellement en service au sein de l'armée de l'Air française. A ce jour, la France dispose d'une flotte composée de cinq drones, dont trois sont déployés sur la base aérienne de Niamey, au Niger, pour opérer au-dessus de la bande sahélo-saharienne (et peut-être au-delà), tandis que les deux autres sont à Cognac pour la formation et l'entraînement des aviateurs français, et assurer des missions au-dessus du territoire national.

Un système de drones est composé de trois vecteurs (drone) et de deux stations de contrôle au sol (cockpit). L'armée de l'Air a déjà réceptionné deux systèmes de drones au standard Block 1, le premier en 2013 et le second fin 2016. Elle doit réceptionner son troisième système de drones fin 2019 au standard Block 5 et un quatrième système Block 5 courant 2020. A terme donc, la 33ème ESRA disposera de onze drones MQ-9 Reaper (et non douze, puisqu'une machine s'est écrasée en novembre 2018).

Fin 2019, les drones pourront utiliser les bombes guidées laser GBU-12 (deux bombes par drone) et ainsi conduire des frappes aériennes si l'opportunité l'offre. Cela permettra de gagner du temps dans le traitement d'un objectif puisque les drones pourront ainsi frapper directement la cible sans faire appel à des hélicoptères d'attaque (Gazelle / Tigre), à des troupes au sol voire aux Mirage 2000D/C basés à Niamey et qui ne pourraient rejoindre la cible que plusieurs heures après. Cela permet aussi de conserver du potentiel sur ces appareils et sur le ravitailleur C-135, pratiquement toujours engagé sur ce type de mission puisqu'il est indispensable pour donner de l'élongation aux M2000 qui opèrent sur un théâtre très étendu.

Mais la réception des Reaper au standard Block 5 va permettre à l'armée de l'Air de franchir une nouvelle étape dans l'utilisation de ces vecteurs. En effet, fin 2020, ce standard va donner la possibilité de mettre en oeuvre la bombe guidée laser GBU-49 et le missile air-sol AGM-144 HELLFIRE. Enfin, ces MQ-9 pourront aussi utiliser une charge ROEM qui permettra de doper les capacités des Reaper dans ce type de mission.

Pour rappel, le drone MQ-9 Reaper n'est PAS un avion sans pilote puisqu'il est mis en oeuvre par un équipage constitué de quatre aviateurs. On retrouve donc un pilote chargé du contrôle du drone et de la communication, un opérateur capteur qui guide les frappes avec le laser et utilise les différents capteurs (boule-optronique) du drone, un coordinateur tactique qui se charge de communiquer avec les commandements, les troupes au sol ou les équipages, et un opérateur image qui va analyser en temps réel le renseignement collecté.

Pour conclure, les MQ-9 Reaper sont équipés d'une boule optronique avec des caméras électro-optiques (jour) et infrarouges (jour et nuit), d'un radar SAR-GMTI (Synthetic Aperture Radars - Ground Moving Target Indicator) et d'un armement qui varie en fonction des versions et des besoins de la mission. Avec une envergure de 20m et une longueur de 11m, le Reaper pèse 4,76T et est propulsé par un turbopropulseur de 900cv. Son orbite de travail se trouve à 7 500m (plafond de 14 000m) et il est capable de rester en l'air pendant plus de 24h (avec un roulement entre plusieurs équipages dans le cockpit).