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Le programme ARCHANGE entre dans sa phase de réalisation

Le programme ARCHANGE entre dans sa phase de réalisation

© Armée de l'Air - Les deux Transall Gabriel de l'Escadron électronique aéroporté 54 « Dunkerque ».

© Armée de l'Air - Les deux Transall Gabriel de l'Escadron électronique aéroporté 54 « Dunkerque ».

Actuellement, l'Armée de l'air française dispose de deux C-160G Gabriel mis en oeuvre par l'Escadron électronique aéroporté (EEA) 54 « Dunkerque » depuis la base aérienne 105 d'Evreux. Ces appareils, utilisés pour la collecte de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM), sont utilisés sur de nombreux fronts, que ce soit au Sahel, en Afrique du nord, au Moyen-Orient, en Europe de l'Est et dans toutes les autres régions du monde où la France a besoin de collecter du renseignement de manière autonome.

Mais ces appareils sont aujourd'hui fatigués et usés. En effet, bien que les différents capteurs ont été modernisés, les cellules sont âgées puisque ces appareils sont entrés en service actif en 1989. C'est pourquoi, dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 et à la suite d'un Comité ministériel d'investissement, Florence Parly, la Ministre des Armées, a annoncé le 28 février 2018 « l'élaboration du programme d'avions de renseignement stratégique 'Capacité universelle de guerre électronique' (CUGE) ».

Plus d'un an et demi plus tard, ce programme vient de franchir un nouveau cap puisque le 18 novembre 2019, la Ministre des Armées a officiellement décidé du lancement du programme ARCHANGE, pour Avion de renseignement à charge utile de nouvelle génération, qui doit permettre à la France d'avoir des « avions dotés d’une 'capacité universelle de guerre électronique' (CUGE) » afin de pouvoir collecter du renseignement d’origine électromagnétique (ROEM).

Dans le communiqué de presse publié par le Ministère des Armées, il est expliqué que le programme ARCHANGE repose sur trois Falcon 8X, de Dassault Aviation, qui vont être « modifiés avec leur système de mission bord et sol et remplaceront à partir de 2025 les deux Transall C-160 Gabriel actuellement en service dans l’armée de l’Air ». « Une plateforme d’entraînement au sol, dont le déploiement est prévu sur la base aérienne d’Evreux, complètera le dispositif », est-il aussi ajouté.

Ce même communiqué assure que la charge utile qui sera mise en place sur ces Falcon 8X, développée pendant dix ans par les ingénieurs de Thales, est « basée sur des technologies innovantes (antennes multi-polarisation, intelligence artificielle pour améliorer les traitements automatiques) [et] permettra de détecter et d’analyser les signaux radar et de communication grâce à des capteurs intégrés sur les avions d’affaire ».

© DICOD - Le Falcon 8X EPICURE, qui remplacera les C-160G Gabriel.

© DICOD - Le Falcon 8X EPICURE, qui remplacera les C-160G Gabriel.

En février 2018, lors de l'annonce de la sélection de la plate-forme, l'avionneur français Dassault Aviation avait annoncé que « le niveau de performances attendu des Falcon Epicure nécessite un travail d’intégration très poussé qui est au cœur des savoir-faire de Dassault Aviation, de son rôle d’architecte industriel et de son partenariat avec Thales ».

« Je suis fier et heureux de la décision du ministère des Armées. Le Falcon Epicure servira les Forces françaises comme le font déjà les Falcon 10, 200, 50, 900, 2000 et 7X », avait aussi ajouté Eric Trappier. « Les Falcon de mission sont la parfaite illustration des compétences duales de Dassault Aviation : nos avions civils bénéficient des technologies de pointe développées pour nos avions de combat qui tirent profit en retour des processus industriels mis en œuvre pour la production très concurrentielle des Falcon », était-il aussi expliqué.

Dans ce domaine, Dassault Aviation dispose déjà de connaissances concernant l'intégration d'équipements d'origine électromagnétique sur ses Falcon. En effet, le Falcon 2000MRA (« Avion Maritime Multi-Rôles ») est capable de réaliser « des missions de surveillance, reconnaissance, lutte anti-surface, guerre électronique et d’entrainement des flottes », explique son constructeur. L'appareil peut donc mener des missions Intelligence, Surveillance et Reconnaissance (ISR), ainsi que des missions de renseignement électronique (ELINT et SIGINT).

Les avantages du Falcon sont nombreux. Avant tout, l'appareil dispose de réacteurs qui sont implantés à l'arrière et en hauteur sur l'avion, et non sous les ailes comme d'autres avions d'affaires. De ce fait, les capteurs et les radars embarqués pourront opérer à 360° tout autour de l'avion et ne pourront pas être gênés par les réacteurs. En outre, comparée à des Airbus qui eux-aussi auraient pu être transformés pour ce type de mission, la famille des Falcon sont des avions connus depuis longtemps par les forces françaises, et avec une longue relation entre le Ministère et Dassault. 

Par ailleurs, ces appareils sont destinés à effectuer des missions «sensibles» et «discrètes» de collecte de renseignements. Un Falcon est un avion avec une taille limitée, une mise en oeuvre peu complexe et qui peut donc être déployé et mis en oeuvre dans des endroits discrets sans que tout un important détachement soit aussi engagé en soutien au sol.

A terme, l'Armée de l'air française doit également acquérir, d'après la LPM 2019-2025, deux (plus un en option) avions légers de surveillance et de reconnaissance (ALSR) King Air 350. Les Falcon Epicure comme les King Air 350 seront mis en oeuvre par l'Armée de l'air. Ils opèreront à son profit, pour les autres forces armées, ainsi que pour le compte de la Direction du renseignement militaire (DRM) et de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).