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rescEU, le nouveau mécanisme européen pour lutter contre les catastrophes naturelles

rescEU, le nouveau mécanisme européen pour lutter contre les catastrophes naturelles

© Guillaume Berthon - Un Canadair CL415 de la Sécurité Civile, suivi d'un Canadair espagnol, lors d'un écopage dans le sud de la France.

© Guillaume Berthon - Un Canadair CL415 de la Sécurité Civile, suivi d'un Canadair espagnol, lors d'un écopage dans le sud de la France.

Aujourd'hui dans l'Union Européenne (UE), chaque Etats dispose de ses propres moyens aériens de lutte contre les feux de forêts. Mais ces vecteurs aériens sont parfois dépassés par la puissance des incendies et leur multiplication dans des régions différentes, ce qui implique de disperser ces moyens aériens.

Pour faire face à ce problème, l'UE a mis en place depuis 2001 le mécanisme européen de protection civile, qui peut être demandé par un Etat qui fait face à des catastrophes de toutes natures, comme des feux, crises sanitaires, tremblements de terre, séismes, conflits, crises migratoires, épidémies, inondations, etc…

Ce mécanisme volontaire a pour but de «favoriser la coopération entre les autorités nationales de protection civile des différents pays européens» et «regroupe actuellement les 28 États membres de l'UE ainsi que l'Islande, le Monténégro, la Norvège, la Serbie, l'ancienne République yougoslave de Macédoine et la Turquie».

A ce jour, cette aide européenne a permis de «surveiller plus de 400 catastrophes et a reçu plus de 250 demandes d'assistance». Il a été activité, entre autres, lors du tremblement de terre à Haïti, la triple catastrophe au Japon, le typhon Haiyan aux Philippines, la crise Ebola, le conflit en Ukraine, le séisme au Népal et la crise des réfugiés en Europe.

Mais aujourd'hui, ce mécanisme bute contre «des conditions météorologiques extrêmes et d'autres phénomènes [qui] ont mis à rude épreuve la capacité des États membres à s'entraider, notamment quand plusieurs d'entre eux sont confrontés simultanément au même type de catastrophe», explique la Commission européenne dans un communiqué de presse en date du 23 novembre 2017.

A titre d'exemple, l'année 2017 a été marquée par la mort de plus de 200 personnes dans des catastrophes naturelles et plus d'un million d'hectares de forêt ont été détruits uniquement en Europe. Cette année là, le Portugal a été durement touché, que ce soit humainement et économiquement. Le «préjudice économique direct des incendies de forêt survenus entre juin et septembre est estimé à près de 600 millions d'euros, ce qui représente 0,34 % du revenu national brut du pays».

Dans ce contexte là, «dans des situations où les moyens sont limités ou indisponibles, l'UE ne dispose pas de sa capacité de réserve pour aider les États membres débordés», ajoute-t-elle. C'est pourquoi l'Union Européenne a décidé de renforcer les capacités européennes à répondre aux catastrophes naturelles avec la mise en place d'un nouveau système européen de lutte, rescEU.

  • rescEU, qu'est-ce-que c'est ?

La Commission européenne explique que rescEU est «une réserve de capacités au niveau européen en matière de protection civile, comprenant des avions de lutte contre les incendies de forêt, des pompes à eau spéciales, des recherches et du sauvetage en milieu urbain, ainsi que des hôpitaux de campagne et des équipes médicales d'urgence».

Cette réserve viendra compléter les moyens d'intervention nationaux et elle «sera gérée par la Commission européenne pour soutenir les pays touchés par des catastrophes naturelles». Elle a pour objectif d'intervenir lorsque les capacités nationales d'un Etat membre sont débordées.

  • Comment s'articule ce système ?

La Commission européenne indique que rescUE s'articule «autour de deux axes complémentaires d'action, orientés vers une réaction collective plus marquée au niveau européen et des capacités accrues en matière de prévention et de préparation».

Dans le champ du renforcement, il est expliqué rescUE devrait disposer «des avions de lutte contre les incendies et des équipements de pompage de l'eau, en complément des capacités nationales». Outre le renforcement des moyens européens, rescUE doit aussi pouvoir aider les capacités nationales.

En effet, il est affirmé que «la Commission aidera les États membres à renforcer leurs capacités nationales en finançant l'adaptation, la réparation, le transport et les coûts d'exploitation de leurs ressources existantes, tandis qu'à l'heure actuelle, seuls les frais de transport sont couverts».

Concernant l'épineuse question du financement de ce système, dans un contexte économique toujours difficile pour les Etats européens, on apprend que «l'ensemble des coûts et des capacités de rescEU serait entièrement couvert par un financement de l'Union, et la Commission conserverait le contrôle opérationnel de ces ressources et déciderait de leur déploiement».

En matière de prévention et de préparation, les Etats membres détailleront leur stratégie nationale, qui sera étudiée et analysée «afin de recenser et d'éliminer collectivement les failles éventuelles. Cela afin d'améliorer les stratégies des Etats mais aussi, de «renforcer la coopération et la cohérence par rapport aux autres politiques de l'Union en matière de prévention et de préparation».

Enfin, comme pour tous systèmes de ce type, il est primordial que l'ensemble des procédures administratives soit «harmonisé et simplifié» afin «de réduire le délai nécessaire pour déployer l'aide vitale» dans le pays qui en fait la demande.

  • Comment fonctionnerait-il ?

Dans une première phase, un Etat dépassé par une catastrophe et/ou crise décide d'activer le mécanisme. Ce mécanisme ne peut être activé seulement par un Etat. La Commission européenne n'a pas le pouvoir de le déclencher. La demande doit émaner d'un Etat.

A la suite, cette demande est transmise sur le «système d'échange d'informations que tous les États membres de l'UE utilisent pour introduire leurs demandes d'aide et préciser ce dont ils ont besoin». Ce dernier est géré par le Centre de coordination de la réaction d'urgence, basé à Bruxelles et opérationnel 24h/24 et 7j/7.

Les Etats participants au mécanisme avertis, ils proposent ou non leurs moyens. S'ils sont insuffisants face à la demande, c'est à ce moment qu'interviendrait alors rescUE. L'aide définie, elle est acheminée vers le pays qui en a fait la demande.

 

Lors de l'officialisation de la mise en place de rescUE, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne depuis 2014, a déclaré que «l'Europe ne peut rester en marge lorsque nos États membres sont frappés par des catastrophes naturelles et ont besoin de soutien. Aucun pays européen n'est à l'abri des catastrophes naturelles, qui sont hélas devenues courantes».

«Lorsqu'une catastrophe survient, je veux que l'Union européenne ait plus à offrir que des condoléances. L'Europe est un continent de solidarité et nous devons être mieux préparés que jamais, et soutenir plus rapidement nos États membres qui se trouvent en première ligne», a-t-il aussi ajouté.

De son côté, Christos Stylianides, commissaire chargé de l'aide humanitaire et de la gestion des crises, a souligné que «les tragédies de l'été dernier et des années précédentes ont montré que notre système d'intervention actuel en cas de catastrophe a atteint ses limites dans sa forme actuelle de volontariat. Les défis qu'il faut relever ne sont plus les mêmes, et nous devons changer nous aussi. C'est une question de solidarité et de responsabilité partagée à tous les niveaux».

«C'est ce que les citoyens européens attendent de nous et je me tourne à présent vers les gouvernements européens et le Parlement européen pour qu'ils adhèrent à cette proposition», a-t-il demandé.