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Defens'Aero
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L'intégration de la configuration quadri-bombes sur les Mirage 2000D n'est pas assurée

L'intégration de la configuration quadri-bombes sur les Mirage 2000D n'est pas assurée

Photo : © Swingwing - Mirage 2000 de la Direction Générale de l'Armement équipé de quatre GBU-12.
Photo : © Swingwing - Mirage 2000 de la Direction Générale de l'Armement équipé de quatre GBU-12.

EXCLUSIF !

Depuis maintenant plusieurs semaines, l'Armée de l'Air a validé la capacité d'emport de quatre bombes air-sol guidées laser GBU-12 sur les Mirage 2000N de l'Escadron de Chasse 2/4 «La Fayette», ainsi que sur les Mirage 2000C de l'Escadron de Chasse 2/5 «Ile de France».

«Combat proven» puisqu'elle a été utilisée en opération extérieure, et notamment dans le cadre de l'opération Chammal, qui se déroule en Irak et en Syrie, cette configuration permet notamment de disposer d'une capacité de feu supérieure (six bombes au lieu de quatre pour une patrouille d'un 2000N et d'un 2000D), mais doit obligatoirement impliquer un désignateur laser pour l'avion tireur, que ce soit l'allier de la patrouille, tout autre aéronef en vol (drone, Atlantique II, ...), ou un opérateur au sol.

Fort de son succès, le Ministère de la Défense a alors voulu intégrer cette nouvelle configuration «quatri-bombes» sur les Mirage 2000D de l'Armée de l'Air qui enchaînent les théâtres d'opérations, contrairement aux 2000C et 2000N, qui n'y sont déployés qu'occasionnellement afin de soulager les aviateurs et les appareils de la 3ème Escadre de chasse de Nancy-Ochey.

Cependant, et comme cela avait déjà été expliqué ici-même sur Defens'Aero, quelques modifications, qui n'étaient pas nécessaires sur les 2000N ou les 2000C, devaient avoir lieu sur les 2000D. Un contact bien au fait du dossier nous apprenait il y a quelques mois (Novembre 2015), «qu'il y a des problèmes de centrage à affiner. Ces derniers sont créés par le fait que les calculateurs des Mirage 2000N et des Mirage 2000D ne sont pas les mêmes, et que cela influe sur les points de largage des armes».

Pour remédier à ces problèmes, et permettre aux Mirage 2000D d'emporter ces quatre GBU-12, il faut que les ingénieurs de l'Armée de l'Air et de la Direction Générale de l'Armement mettent au point «un nouveau pylône permettant d'accrocher les deux bombes centrales plus en arrières», selon une source bien au fait du dossier.

© US Air Force - Ravitaillement en vol d'un Mirage 2000D au-dessus de l'Irak dans le cadre d'une mission de l'opération Chammal.

© US Air Force - Ravitaillement en vol d'un Mirage 2000D au-dessus de l'Irak dans le cadre d'une mission de l'opération Chammal.

Mais après plusieurs semaines d'expérimentations, il semblerait que l'intégration de cette configuration sur les Mirage 2000D ne fasse plus l'unanimité. En effet, selon nos informations, la question du centrage, «différent et moins favorable sur le 2000D que sur le 2000N et le 2000C», vient ajouter un autre problème plutôt important :

Lorsque le Mirage 2000D est équipé de quatre GBU-12, après avoir passé quelques temps déjà à récupérer du pétrole, le pilote est obligé de pousser la manette des gaz à fond et donc d'enclencher la post-combustion afin de pouvoir tenir sa position et conserver sa perche de ravitaillement en vol dans le panier du ravitailleur, et ainsi terminer le ravitaillement.

Or, explique-t-on, «lors un ravitaillement en vol, il faut de la marge pour pouvoir ralentir, mais aussi pour accélérer afin de pouvoir tenir la position dans de bonnes conditions. Si l'appareil est en post-combustion, il n'y a plus aucune marge d'accélération. Donc si le pilote rate ses manoeuvres, et que le ravitaillement échoue, tout en étant en zone de guerre, ce n'est pas bon du tout».

C'est pourquoi, les pilotes ou l'Etat-Major de l'Armée de l'Air auraient choisi de ne pas valider cette configuration et de ne pas faire décoller les appareils équipés ainsi si un ravitaillement en vol doit être effectué au cours d'une mission. Cette configuration reste toutefois opérationnelle si un ravitaillement en vol n'est pas prévu, ce qui ne laisse pas beaucoup de missions possibles.

En effet, dans les opérations actuelles du XXIème, toutes les sorties aériennes, notamment dans les théâtres d'opérations, que ce soit dans la bande sahélo-sharienne ou au Moyen-Orient, où les pilotes sont obligés de couvrir plusieurs centaines de kilomètres, les ravitaillement en vol sont indispensables afin de rallier la zone des opérations, et de tenir dans la durée sur cette même zone pour pouvoir assurer un appui aérien au profit des troupes au sol.